PCF Narbonne :
Lettre ouverte adressée au député de notre circonscription par les différents Comités de défense et de reconquête de la Sécurité sociale du Narbonnais au sujet de la Loi Santé que la ministre Agnès Buzyn présentera à l’Assemblée Nationale le 19 mars prochain.
Lettre ouverte des comités de défense et de reconquête de la Sécurité Sociale du Littoral, Narbonne, Coursan, Lézignan :
« A Mr le Député de la 2ème circonscription de l’ Aude,
Le 19 mars, à l’Assemblée nationale, débutera l’examen de la Loi Santé, portée par Mme la Ministre Agnès Buzyn.
Constatons que l’élaboration de cette loi n’a fait l’objet -comme cela aurait dû l’être- d’aucune consultation des « acteurs de terrains » en particulier de celles et de ceux qui, notamment dans les hôpitaux publics, témoignent régulièrement de leur souffrance, conséquence d’une dégradation des conditions de travail les empêchant même, selon leurs dires, d’exercer leurs métiers comme ils le souhaiteraient dans l’intérêt des malades !
Notons encore que plusieurs articles de cette loi visent à permettre au gouvernement de réformer par voie d’ordonnances. Ce qu’a regretté avec force le président du Conseil National de l’Ordre des médecins en des termes clairs : « Le recours important aux ordonnances privera le projet de loi d’un grand débat législatif qu’une véritable réforme aurait mérité » (10 janvier 2019).
Observons enfin que cette Loi Santé ne se placera pas en rupture mais au contraire dans une continuité aggravée des politiques des gouvernements précédents de MM. Sarkozy et Hollande :
– persistance dans une confusion voulue public-privé,
– refus d’attribuer aux hôpitaux les moyens nécessaires (en budget, investissement, emploi..) pour qu’ils puissent assumer leur mission centrale dans une politique ambitieuse de santé publique,
– objectif de passer d’une logique de solidarité nationale à une logique de marchandisation des soins.
Ainsi par rapport à un tel projet, nous ne pouvons que vous interpeller : comment pouvez- vous soutenir ces orientations négatives qui tournent le dos aux urgences et aux enjeux de santé publique, à la situation inquiétante des hôpitaux, aux besoins et attentes des personnels et autres « acteurs de terrains » ?
Avec nos salutations distinguées
Les comités de défense et de reconquête de la Sécurité Sociale
Secteurs littoral, Narbonne, Coursan, Lézignan.
En outre, nous vous communiquons ci-dessous le résumé de nos critiques et observations sur les principales mesures qui ont été annoncées :
1° Amener les professionnels de ville à travailler de manière plus collective et libérer plus de temps pour le soin et la prévention.
NOUS DISONS : L’exercice collectif de la médecine est certes une solution, sauf qu’en France, la médecine de proximité n’est pas du tout organisée pour assurer un suivi satisfaisant des maladies chroniques.
2° Créer un nouveau métier d’assistant médical, pour les médecins s’inscrivant dans un exercice collectif.
NOUS DISONS: Pourquoi créer un nouveau métier, avec quelle formation, alors que cette fonction d’assistant médical peut être exercée par des infirmiers, des infirmiers spécialisés et secrétaires ?
3° Transformer les hôpitaux ruraux en hôpitaux de proximité.
NOUS DISONS : les hôpitaux de « proximité » tels que les conçoit votre président n’ont d’hôpital que le nom car on ferme systématiquement leur plateau technique chirurgie et obstétrique, augmentant les distances kilométriques entre le malade et l’hôpital. Son principal objectif est de concentrer les hôpitaux, en réduisant fortement l’activité des moins importants. Une partie de l’activité restante sera pratiquée par des médecins libéraux
4° Définir la part du budget national santé consacré à l’hospitalisation (ONDAM)
NOUS DISONS : la part de solidarité nationale consacrée à l’hospitalisation publique est nettement insuffisante et ne permet pas de satisfaire les besoins en santé publique de nos populations, notamment en Occitanie, une région « vieillissante » et impactée par une forte précarité. Ce n’est pas ainsi que les hôpitaux réduiront leur déficit.
5° Supprimer le numerus clausus qui limite le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine et remanier les programmes de formation.
NOUS DISONS : la suppression du numerus clausus en 2020 ne produira ses premiers effets qu’en 2035 ! D’ici là, les hôpitaux continueront à gérer la pénurie médicale.
6° E. Macron et A. Buzyn poussent les hôpitaux à développer la chirurgie et les soins ambulatoires (on rentre le matin, on sort le soir).
NOUS DISONS : Les hôpitaux étant financés par la tarification à l’acte (T2A), alors on multiplie les actes…comme le font les cliniques privées et avec moins de personnel.. Pour développer l’ambulatoire, il faudrait réorganiser la relation entre l’hôpital et la médecine de ville dans un esprit de service public. »