Grenelle contre les violences conjugales : Il faut un milliard pour protéger les femmes !
(Hélène Bidard et Fabien Roussel – PCF)
Environ 220 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont chaque année victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire. Depuis le début de l’année 2019, soit en 6 mois, 75 femmes ont été tuées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints, c’est-à-dire 1 femme tous les 2 jours et demi. Un grand nombre d’entre elles avaient pourtant porté plainte.
Nos institutions dysfonctionnent face aux violences sexistes et sexuelles dans le couple et ne sont clairement pas à la hauteur de l’ampleur du phénomène.
Si le gouvernement organise un Grenelle, il doit avoir pour priorité l’engagement de l’État dans un plan ambitieux d’éradication des violences dites conjugales. Il ne doit pas se limiter aux effets d’annonces et aux plans de communication de Mme Schiappa .
Nous n’en sommes plus aux expérimentations. #MeToo, l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et de Paris, le Haut Conseil à l’égalité, la MIPROF… Tout est à la dispositions des femmes et des associations. Tout, sauf le financement et l’engagement de l’État. Il ne suffit plus de le dire, il faut agir!
Un Grenelle implique un réel processus de concertation avec des grands axes de travail, plusieurs collèges d’actrices et d’acteurs (associations, syndicats, élu.es locales, directrices·teurs régionales et délégué·es départementales aux droits des femmes…) et des ambitions à la hauteur des besoins, notamment en matière de financement public et de mise en œuvre de politiques publiques.
Le PCF demande l’application de la loi et la mise à l’ordre du jour du Parlement de la loi-cadre contre les violences faites aux femmes, co-élaborée avec le Collectif National des Droits des femmes ( CNDF) et déposée à l’Assemblée nationale par Marie-George Buffet et par Laurence Cohen au Sénat.
La grande cause nationale dispose du plus petit budget ! Seulement 79 millions d’euros alors que les actrices et acteurs de la défense des droits des femmes estiment à un milliard d’euros minimum, la somme nécessaire à l’accompagnement et à la mise à l’abri des victimes. L’Espagne a débloqué cette somme. C’est possible et cela ne peut attendre !
Le PCF demande la mise en place de lieux uniques. Pour en finir avec les parcours semés d’embuches, nous proposons la création d’unités spéciales d’accueil des femmes victimes de violences dans tous les départements. Lieux dans lesquels les victimes pourraient accéder à la police, la justice, l’aide juridictionnelle, l’unité médico-judiciaire pour faire les constats et les prélèvements et au moins une association spécialisée. Ces unités devraient pouvoir s’appuyer sur un quota d’hébergements et de logements dédiés, dispositif clé pour la sortie des violences ; et d’un accompagnement par des consultations en psycho-trauma. Aujourd’hui les services publics de prises en charges des femmes victimes de violences sont indigents ! Avec seulement 46 Unités Médico-Judiciaires en France soit environ un pour deux départements. Il est très compliqué pour les femmes victimes de faire constater les violences, de faire des prélèvements en cas de viols, d’amasser des preuves pouvant servir devant la justice …
Mourir sous les coups n’est pas une fatalité, les politiques publiques peuvent prévenir les violences et protéger les victimes !
Hélène BIDARD, Responsable nationale « droits des femmes et féminisme » au PCF, Présidente de l’Association ECVF,
Fabien ROUSSEL, Secrétaire national du PCF et député du Nord,
Paris, le 9 juillet 2019.