Délégation de service public de Transport «Citibus»

Conseil Communautaire Grand Narbonne – 27 novembre 2020
Intervention Bruno Bréhon
Rapport annuel 2019 DSP Citibus

Monsieur le Président, cher(e)s collègues,

Sur la présentation du rapport annuel d’activité 2019 de la délégation de service public de Transport « Citibus », il convient à ce conseil communautaire de l’analyser bien plus que d’en prendre simplement acte.

S’il n’est pas facile de concevoir toutes les notions de ce rapport, il y a des éléments importants qui nous imposent de regarder de près différents volets et plus largement l’avenir de ce transport en commun.

En premier lieu, la durée de la DSP fixée pour 8 ans, qui a commencé en septembre 2016 et qui finira en août 2024, fait de ce rapport un marqueur de mi-mandat.

Nul besoin d’insister sur la période chaotique que nous traversons, le rapport de 2020 impactera dans les décisions l’avenir du transport public de voyageurs sur l’ensemble du territoire du Grand Narbonne, si nous ne nous en préoccupons dès maintenant.

Sur le volet financier, sans rentrer dans les détails, le coût de la DSP pour le Grand Narbonne ne fait qu’augmenter. Un coût qui pourrait, avant même la fin du mandat, être une problématique majeure.

Bien qu’il y ait eu des améliorations en terme de dessertes, des navettes gratuites dont le coût viendra s’ajouter dans le bilan 2020, rien chez Kéolis ne laisse présager une stabilisation du coût supporté par le Grand Narbonne, d’autant plus avec une marge financière négative pour cette société.

Pour 2020, est-ce que Kéolis va pouvoir mettre entre parenthèse sa rentabilité, dans une période qui s’annonce d’ores et déjà complexe sur le plan économique ? L’affaissement du versement mobilité va d’autant plus impacter toute stratégie sur le transport en commun du GN.

Par ailleurs il n’y a quasiment rien sur le volet social, deux petites pages qui ne donnent aucune vision sur la situation réelle des salariés, pourtant inquiétante, dont le seuil d’absentéisme est plus élevé que celui décrit dans ce rapport. Le bilan financier de l’entreprise a certainement un lien étroit avec ce sujet.

Rien non plus sur la partie maintenance du matériel, laissant même apparaître un manque total d’information sur le kilométrage de chaque bus.

Avec une moyenne d’âge du parc autour de 4,53 années, il y a dans la flotte une partie vieillissante où 21 % des bus ont plus de 10 ans et 36 % plus de 5 ans.

Cela pourrait paraître anodin ce type d’analyse, mais avec un total de plus de 4,4 millions de kilomètres parcourus sur l’année 2019, on peut raisonnablement s’inquiéter de l’état d’usure des véhicules.

D’ici la fin de la DSP, cela représentera environ 60 % du parc qui aura plus de 10 ans, voire plus de 15 ans. Inévitablement cela va demander des investissements pour renouveler une partie du parc et très certainement je l’espère avec du matériel roulant plus vertueux pour l’environnement et qui privilégie la production nationale.

Globalement, sur la transparence de l’usure des bus et de sa maintenance, sur la qualité du service rendu et sur l’entretient courant de l’intérieur du matériel, il y a matière à redire et surtout à s’inquiéter pour l’avenir.

Cela laisse la porte ouverte au GN pour décider de l’avenir de Kéolis dans cette DSP, de la DSP elle-même, sur la question du renouvellement des véhicules, sur la sécurité des usagers, et la qualité de service qui nous imposera à tous d’être mobilisés.

Des choix vont devoir se prendre, dans une période bouleversée, des choix qui doivent aussi répondre à la crise sociale.

En ce sens, l’étude d’une gratuité pour les usagers ne doit pas être mise au second plan.

Elle doit être liée, pour faire rebondir le transport public de voyageurs au-delà de cette crise, avec une étude sur l’offre elle-même, tant sur le périmètre urbain et bien plus sur le périmètre interurbain.

Tout comme elle doit englober un plan de déplacements domicile/travail.

Des études au final qui doivent nous permettre de mieux adapter les transports aux besoins des citoyens mais aussi face à l’impérieux défi climatique.

En somme, nous devons prendre les devants pour que l’efficacité du transport Citibus soit à la hauteur du PEM du GN qui jouera un rôle majeur dans cette stratégie. Et tout cela sans jamais oublier que les usagers et plus largement la population doivent y être associés.

Pour finir, si on peut se féliciter de la mise en place des navettes gratuites, il nous faut prévoir au regard de la situation des jeunes une accessibilité plus libre sur l’ensemble du réseau dès 2021.

En 2017 dans l’Aude, plus de 39 % des moins de 30 ans sont en dessous du seuil de pauvreté, combien seront-ils au bilan de cette année catastrophique ?

Combien seront-ils au regard de l’offre emploi sur le bassin narbonnais ?

Une aide conséquente en leur faveur serait une réponse politique juste et soucieuse de l’avenir de notre jeunesse. Soucieuse et constructive aussi pour un changement des comportements vis-à-vis des modes de déplacements, pour ces générations qui feront le futur de notre territoire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.